lundi 1 février 2016

Home sweet home

Les derniers jours de travaux furent douloureux. Je ne voyais plus en ma maison qu'un squat glauque et insécure et ne supportais même plus de passer plus de trois minutes dans le salon. Quand les ouvriers et l'architecte s'extasiaient sur le carrelage, je ne pouvais bredouiller qu'un petit "oui, je crois que ça va être bien" d'une voix étranglée. Je n'avais qu'une envie, mettre tout le monde dehors, fermer la porte à double tour et m'asseoir sur le canapé.
Evidemment, je n'ai pas fait ça, j'ai été diplomate, j'ai juste gentiment dit à l'architecte que ah, ah, ah j'avais hâte d'installer mes meubles dans le salon. Et de toute façon, avant de poser quoi que ce soit sur le canapé, il fallait l'aspirer. (Et avant d'aspirer quoi que ce soit, il fallait dépoussiérer l'aspirateur).
Qu'on ne se méprenne pas. Je suis ravie du résultat, vraiment. Tous les artisans ont fait du très bon boulot, le salon ressemble exactement à ce que j'avais imaginé, la cuisine est encore plus jolie que prévu.
Ce que je n'avais pas imaginé, c'est à quel point j'étais sensible à la chaleur d'un foyer. Camper ? Cuisiner sur une plaque électrique portative branchée dans la salle de bains? Peuh ! Facile. Mais cette grande pièce nue et froide, brrr, me filait la chair de poule.
Un jour, enfin, j'ai pu envoyer un texto à mes proches pour leur dire que les travaux étaient terminés. Moi, la spécialiste du message alambiqué, pour une fois j'ai fait court. Cette photo, et un smiley qui sourit de toutes ses dents. Ils ont compris.


Ils ont compris que désormais, et pendant quelques semaines, si on voulait me voir, ce serait chez moi, parce que je n'allais plus vouloir sortir de là, et prendre le temps, comme un chat, de renifler et me frotter à chaque centimètre carré de la pièce, marquer mon territoire, tricoter un nid douillet.

S.

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