vendredi 24 mai 2024

A la piscine

 


Pour aller à la piscine, chaque semaine, je dois quémander la présence d'un parent pour nous accompagner, parce que je n'ai pas le droit de prendre le bus seule avec mes élèves. Cette année, quelle chance, trois papas d'élève ont des horaires de travail flexibles.

Tous les vendredis matin, j'ôte la petite boucle d'oreille en forme de tête de mort à laquelle je tiens beaucoup, j'enfile mon maillot de bain sous mes vêtements. Un jean large, un pull qui ne craint rien, des baskets et des chaussettes à paillettes. Un chignon serré, mes anciennes lunettes pour ne pas risquer d'abimer l'actuelle paire. Pas de mascara. Je fais en sorte de ne pas avoir trop de poils visibles. Ajoutons à cela une parka aux manches retroussées et un sac à dos plein à craquer (parce que je suis une maitresse prévoyante et que je prends des maillots de bain et une serviette au cas où pour les étourdis - qui, guess what, ont été nécessaires à chaque séance), on dirait que j'ai 14 ans. Le vendredi, je me sens inconfortable dans mon propre corps. Je vérifie 3 fois que j'ai bien pris une culotte et un soutien-gorge, manquerait plus que de devoir passer le reste de la journée cul nu sous mon jean.

A la piscine, les maîtres nageurs sont habillés. Le parent est habillé et n'a rien d'autre à faire pendant la séance que de patienter. 

Moi, parce que je vais dans l'eau avec un élève qui a peur, je suis à demi-nue, dans un maillot de bain noir très joli mais duquel mes fesses s'échappent sans arrêt. Maintenant qu'il arrive à mettre la tête sous l'eau, l'objectif est de l'aider à sauter depuis le bord. Je passe donc de longs moments à entrer et sortir de l'eau, lui tendre la main, compter  allez un, deux, deux et deeemiii, trois, splash bloup bloup. La semaine dernière, les autres adultes m'ont ainsi vue 17 fois m'asseoir élégamment sur la margelle en poussant sur une main, tout en remettant discrètement, de l'autre main, ma fesse gauche à sa place dans le maillot.

Le vendredi après la piscine, les yeux rouges, la peau qui tire, le chignon bringuebalant, les chaussettes mouillées, je continue ma journée dans une odeur de chlore. 

Faut-il que j'aime mon métier.

SM.


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