Le décompte des derniers a commencé. J'ai réalisé un soir de la semaine dernière qu'il me restait 8 jours de classe avec mes élèves, mais suffisamment de choses à leur faire faire pour 18 jours. Demain, je mènerai 5 réunions pas faciles, il restera ensuite la kermesse, le conseil d'école, l'accueil des nouvelles collègues, l'aménagement de mon nouveau bureau, le rangement des commandes reçues il y a déjà un moment. Dans le jardin, il y a eu du mouvement, les fleurs du seringa sont tombées, celles du goyavier de Montevideo ont surgi soudain. Soudain aussi, c'est la tonnelle des voisins qui a atterri sur la terrasse pendant l'orage. Mon corps a d'étranges réactions, une terrible crampe me réveille en pleine nuit, mon visage et mes bras se parent d'imperfections - encore plus que d'habitude, mes cheveux sont indomptables - encore pire que d'habitude. Je scrute mon téléphone toutes les deux minutes, comme si ça allait changer quelque chose, le frigo est parfois trop plein et mes lunch box pourtant guère alléchantes. Je traine presque nue certains matins puis avale mon petit déjeuner dans la voiture pour rattraper le temps perdu, j'erre le soir à moitié dévêtue au lieu de me coucher à une heure décente. Il y a des barbecues de midi, avec des gens que je côtoie depuis des années mais que je ne connais pas si bien que ça, qui s'étirent et dégénèrent jusqu'au milieu de la nuit. Des confidences de hammam. Des anciens collègues. Des petits travaux à la maison. Le contrôle technique de la voiture à prévoir vite vite avant d'être hors-la-loi. Des bulles de chewing-gum. Juin comme un torrent de montagne.
SM.
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